Saturday, December 06, 2008

Interruption.


Je me réveille très tôt ces jours-ci. Je lis des choses fortes intéressantes: « l'indigence ontologique de l'apparaître du monde est démasquée. Deux pouvoirs totalement différents, l'objectivation d'un horizon de visibilisation d'une part, la création du contenu concret appelé à devenir visible en lui de l'autre... ». On m'interrompt au milieu de la phrase. Voire, ça m'interrompt. Comme si quelqu'un avait frappé à la porte. Comme si un robinet se cassait et allait inonder ma chambre. Comme si je venais de me rendre compte d'avoir oublié un rendez-vous. Comme si je n'avais pas pris une pilule et cela pouvait être dangereux.

Alors je me lève de la chaise.
Devant ma porte, des gens descendent l'escalier. Se seront-ils amusé si tôt le matin? Non.
Je contrôle dans la salle de bain. Tout est à sa place, tout avait été désordonné par moi, lors de l'utilisation.
Je jette un coup d'oeil dans mon agenda. Non, c'est bien vendredi le prochain rendez-vous important.
Et, à plus forte raison, je sais que je n'ai jamais (encore) pris de sacrées pilules.

Je vais m'asseoir. Comme il est vraisemblable, l'écran de l'ordinateur est lui aussi parfaitement à sa place à côté du livre ouvert. Tout m'attend, et je m'attendais cette attente. « Dài, riniziamo », la voix haute semble m'aider. Je prévois ainsi une dizaine de minutes avant d'entendre le bruit soudain de mon étagère qui s'écroule – et je ne m'étonne pas, tournant la tête, devant la découverte que la pacotille qui s'est entre-temps répandue par terre vient de prendre la forme, tranchante, d'éclats de mémoire.

No comments:

Sappho

Sappho
"Morremo. Il velo indegno a terra sparto,/ rifuggirá l’ignudo animo a Dite, / e il crudo fallo emenderá del cieco / dispensator de’ casi. E tu, cui lungo / amore indarno, e lunga fede, / e vano d’implacato desio furor mi strinse,/ vivi felice, se felice in terra / visse nato mortal" (G. Leopardi, Ultimo Canto di Saffo)

Sehnsucht

Sehnsucht
Berlinale 2006